L’auto-édition est souvent confondue à tort avec l’édition à compte d’auteur. Pourtant, elle s’en distingue catégoriquement. Il s’agit pour l’auteur de prendre lui-même en charge l’édition de ses œuvres. Si, vu de certains milieux, ce processus jouit d’une réputation plutôt tiède car empreinte d’amateurisme, de manque de moyens et de qualité éditoriale aléatoire, l’émergence du web 2.0 a changé la donne. Jamais il n’a été aussi facile de diffuser ses propres œuvres à un public nombreux et ceci peut être motivant. Pour autant,  afin de réussir son auto-édition, il convient de respecter quelques règles fondamentales pour mettre toutes les chances de son côté.

L’auto-édition, pour qui ?

Certains ont peur de franchir la porte d’un éditeur traditionnel, de crainte d’essuyer des refus à répétition. D’autres craignent, à très juste titre, d’aller voir des éditeurs à compte d’auteur.

L’auto-édition permet de tester une œuvre, d’analyser la réception du public voire de se faire remarquer par des éditeurs traditionnels. Elle permet aussi de maîtriser tous les process d’édition et, parfois, de faire certaines économies. Il existe sur internet pléthore de plateformes d’auto-édition, de lulu.com à Kindle Direct Publishing en passant par Kobo Writing Life de la FNAC. Cette abondance de l’offre peut paraître séduisante, mais attention : par exemple, sur lulu.com, le catalogue atteint plus de un million cinq cent mille titres. Inutile de vous dire que dans ces conditions, votre œuvre risque d’être noyée dans la masse et n’obtient qu’une chance très très minime de se faire remarquer.

Ainsi, l’auto-édition demande un véritable savoir-faire, favorisant les auteurs qui possèdent de véritables compétences éditoriales. Car une chose est certaine : un auto-éditeur, c’est un éditeur à part entière.

Points à savoir pour réussir son auto-édition

Un auto-éditeur publie son livre. C’est la raison pour laquelle il doit connaître et effectuer tout le process de publication lui-même.

  • Il s’occupe de la mise en page de son œuvre, y compris de la maquette et de la couverture. Dans certains cas, faire appel à un maquettiste professionnel ou à un graphiste peut être infiniment plus efficace que de faire ce travail tout seul lorsque l’on ne possède aucune notion de la chose.
  • L’auteur doit livrer un document parfait du point de vue de la typographie (sans parler de la syntaxe et de l’orthographe !). La relecture typographique est très spécifique et peut demander là aussi, les services d’un professionnel.
  • L’auteur peut choisir de créer deux types d’ouvrages. S’il souhaite vendre un ouvrage papier, il doit confectionner lui-même le fichier PDF permettant une impression numérique de qualité, ou même une impression offset s’il en a les moyens. Il doit connaître la technique permettant de livrer ce fichier PDF haute résolution, avec les bons codes de cadrage, de coupe, d’étalonnage de couleurs, etc. Il doit savoir effectuer un BAT (bon à tirer). Il doit choisir avec soin le type de papier pour l’ouvrage et la couverture, ainsi que le type de reliure qui conviendra. Pour dresser son budget, il devra prendre conscience qu’un tirage plus important revient vite bien moins cher. Plus économique, l’auteur peut choisir une diffusion sur support numérique. Il doit donc savoir constituer un fichier PDF et/ou ePUB dans les formats qui conviennent.
  • L’auteur ne devra pas oublier le dépôt légal de son manuscrit. Il obtiendra en retour un numéro ISBN qui devra figurer obligatoirement sur la publication.
  • Une fois le livre fabriqué, encore faut-il le diffuser. La plupart des auto-éditeurs s’en chargent eux-mêmes par l’intermédiaire, par exemple, d’une page internet ou d’un site de diffusion. S’il s’agit d’un fichier numérique, ce n’est pas très difficile – encore faut-il raisonnable dans le prix demandé au client. Ici, 100% du prix de vente revient à l’auteur-éditeur, sauf s’il fait appel à une plateforme tierce qui prendra une commission de 25% à 50% selon l’option choisie. S’il s’agit d’ouvrages papier, c’est plus difficile. Souvent, l’auteur se chargera lui-même d’acheminer son livre au client par la Poste !… Avec un peu de diplomatie, peut-être réussira-t-il à obtenir l’aide un libraire ami – qui prendra une commission de 25% à 38% au passage. Peut-être négociera-t-il aussi avec un distributeur si son tirage est suffisant, mais il ne faut pas rêver. Ce dernier demandera de 11% à 14% du prix de vente.
  • Il reste le point le plus délicat : la communication et la diffusion. L’auto-éditeur néglige très souvent cet aspect primordial, car un livre invisible est un livre invendable. Pour mémoire, il sort 30.000 nouveaux titres par rentrée littéraire, deux fois par an. Comment se faire remarquer dans ce déluge ?

Pour mémoire, dans le milieu traditionnel de l’édition, le prix total d’un livre se décompose ainsi :

  • 55% : frais de diffusion / communication ;
  • 20% : impression ;
  • 18% : éditeur ;
  • 7% : droits d’auteur.
  • Pour le prix global, ajouter une TVA de 5,5% – de 7% à partir de janvier 2014.

L’auto-édition fait l’économie des frais d’éditeur, mais en partie seulement si on considère une prestation professionnelle de relecture typographique et/ou de maquettage. L’impression, la diffusion, la communication restent des postes incontournables pour le papier. Le numérique permet une fabrication gratuite, mais les frais de distribution sont plus importants et le coût de communication reste identique.

L’auto-édition, un art difficile mais pas irréalisable

Donc, l’auto-édition est un art difficile demandant des compétences techniques et commerciales. Il est certain qu’il est plus facile d’auto-éditer un manuscrit de niche – un petit projet ultra-sépcialisé – que de la littérature généraliste. Mais certains auteurs ayant vécu une édition traditionnelle difficile peuvent aussi utiliser ce moyen à des fins purement idéologiques. D’autres peuvent souhaiter maîtriser entièrement tous les processus d’édition, y compris la communication. Certains veulent également rester dans une indépendance totale : cette vision des choses touche de plus en plus d’auteurs de BD ou de théâtre. Enfin, certains auteurs peuvent vouloir se lancer dans l’auto-édition dans le but de se faire remarquer par de grands éditeurs traditionnels.

Dans tous les cas, la démarche, pour réussir, demande beaucoup de sueur.

Sur des plateformes comme Amazon, les ouvrages en auto-édition figurent de plus en plus dans les meilleures ventes. Concernant le papier, c’est beaucoup plus mitigé en France, même si certaines grandes réussites éditoriales sont restées fameuses, comme celle d’Agnès Martin-Lugand avec Les Gens heureux lisent et boivent du café paru ensuite chez Michel Lafon et diffusé dans 18 pays !…

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