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Franck Thilliez : maître ès thriller documenté

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Franck Thilliez est un auteur français de romans policiers et autres thrillers. Ingénieur en nouvelles technologies, il possède une particularité très intéressante : ses romans sont parfaitement documentés, mais d’une manière très fluide. A tel point que cette sacro-sainte documentation ne se voit pas, qu’elle est fort bien intégrée dans le fil narratif. Voici donc un bel exemple pour les participants de l’atelier PluMe qui se lancent dans l’écriture d’un thriller et dont la technologie est l’un des ingrédients centraux. Parce que Thilliez est sans doute le maître actuel du genre !

Il est parfois des auteurs débutants qui se posent la question de savoir comment une vocation d’écrivain de thriller peut bien débuter. Pour Franck Thilliez, ce sont les cinq films d’horreur et de série B empruntés chaque semaine au vidéoclub de son quartier lorsqu’il était ado qui ont planté la petite graine. L’auteur le reconnaît : ces films l’ont traumatisé, et les cauchemars ont cessé lorsque dans les années 2000, à la petite trentaine, il se lance dans l’écriture.

Franck Thilliez : l’écrivain des situations extrêmes

Depuis, celui qui reconnaît Stephen King et Jean-Christophe Grangé comme ses maîtres, aime à immerger ses personnages dans des situations extrêmes et apocalyptiques, auprès de grands psychopathes fascinés par la mort.

Situations extrêmes ? Sa plus belle réussite est sans doute Vertige, paru en 2011, qui narre l’histoire d’un homme qui se réveille un beau jour au centre du néant dans ce qui ressemble à un gouffre, avec deux inconnus et son chien.

Petit problème : il est enchaîné au poignet, un autre de ses compagnons à la cheville, tandis que le troisième porte un masque qui explosera s’il s’éloigne trop des deux autres. Dans ce huis-clos insoutenable où la survie et la folie risquent de ne pas faire bon ménage, l’intrigue se noue. Que font-ils ici, et pourquoi ? « La puissance de l’imaginaire apporte bien plus que les longues descriptions orales ou visuelles.
Elle détruit infiniment plus, aussi.
 »

Franck Thilliez et Atom[ka] : un exemple à suivre pour l’utilisation de la documentation dans l’écriture

Je viens de finir Atom[ka], de la série de l’Ange rouge. On y retrouve notre habituel protagoniste, Franck Sharko le flic désabusé et maltraité.

Souvent, lorsque nous évoquons en atelier PluMe l’écriture du roman, je prétends que la plupart des romans contemporains, y compris (et surtout ?) les thrillers, comportent une thèse défendue par l’auteur. C’est justement ici ce qui fait la réussite d’Atom[ka].

Il n’y a pas ici de vain prêchi-prêcha.Mais l’argument développé fait réellement froid dans le dos et incite à en savoir plus, infiniment plus, sur les méfaits du nucléaire dans le quotidien de centaines de milliers de gens normaux, des civils comme vous et moi. Certes, au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture, pris d’ailleurs dans une intrigue fort complexe mais bien menée, on se dit que le trait est trop gros, que c’est très exagéré, qu’il y a un parti-pris de dénonciation trop poussé qui finit par tronquer les choses.

Comment la fiction met en évidence le réel

Mais non, même pas. C’est le réel lui-même qui est inadmissible, inacceptable, incompréhensible et effarant. Franck Thilliez n’exagère rien lorsqu’il évoque la quotidienneté des rescapés de Tchernobyl. Ou la catastrophe totalement méconnue de 1957 qui est survenue à Oziorsk, une cité interdite russe abritant le pendant soviétique du projet Manhattan (qui a donné naissance aux USA aux bombes d’Hiroshima et de Nagasaki). La base Maïak existe bien, on peut même la voir sur Google Maps acollée à un lac encore si pollué qu’il suffit de cinq minutes, en se baladant sur ses rives, pour mourir d’irradiation. Cet endroit est par ailleurs devenu la poubelle nucléaire de l’Ouest, y compris de la France. Ce que tout le monde pratiquement ignore.

Atom[ka] n’est pas une œuvre catastrophiste. Elle ne fait que s’appuyer sur le réel à travers une documentation en béton armé qui nourrit parfaitement la narration. Et c’est en cela qu’elle laisse une trace profonde après la lecture. Elle donne surtout l’envie d’en savoir plus. Et ce qu’on découvre alors fait vraiment froid dans le dos.

Dès lors, en 2014, à l’instar que pouvait le faire Voltaire avec le conte au XVIIIe siècle, rien de tel qu’un bon thriller simplement pour ouvrir les consciences…

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Bibliographie

  • 2002 : Conscience animale (CY éditions)
  • 2004 : Train d’enfer pour Ange rouge (La Vie du Rail, «Rail Noir»/Pocket)
  • 2005 : La Chambre des morts (Le Passage/Pocket) Prix des lecteurs Quai du polar 2006, Prix SNCF du polar français 2007
  • 2006 : Deuils de miel (La Vie du Rail, «Rail Noir»/Pocket)
  • 2006 : La Forêt des ombres (Le Passage/Pocket)
  • 2007 : La Mémoire fantôme (Le Passage/Pocket)
  • 2008 : L’Anneau de Moebius (Le Passage/Pocket)
  • 2009 : Fractures (Le Passage/pocket)
  • 2010 : Le Syndrome E (Fleuve noir/Pocket)
  • 2011 : Gataca (Fleuve noir/Pocket)
  • 2011 : Vertige (Fleuve noir/Pocket)
  • 2011 : L’Empreinte sanglante : Ouroboros (Fleuve noir)
  • 2012 : Atomka (Fleuve noir)
  • 2012 : Les petits polars du Monde – Le grand voyage (Le Monde format EPub)
  • 2013 : L’Encre et le sang (12-21 format EPub & Pocket)
  • 2013 : Tour de France – Un dernier tour (12-21 format EPub)
  • 2013 : Puzzle (Fleuve noir).

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