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Ira Levin : un auteur à redécouvrir

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Ira Levin est de ces auteurs qui peuplent nécessairement le paysage littéraire mondial et dont tout le monde a déjà entendu parler sans le savoir. Mais si, rappelez-vous : la sulfureuse histoire de l’assassinat en 1969 de Sharon Tate, l’épouse de Roman Polanski, par la petite bande hippie de Charles Manson, avait un lien avec le film Rosemary’s Baby : c’est Polanski qui était visé et accusé de satanisme. Si tout le monde se rappelle cette sombre histoire, on sait moins que l’auteur de Rosemary’s Baby, c’est Ira Levin.

Ira levin, né en 1929, fait partie de cette génération d’écrivains américains des années 50-70 qui ont particulièrement renouvelé le genre du thriller et du roman de science fiction.

Ira Levin a fait des études de littérature anglaise à l’université de New York. Attiré depuis toujours par la fiction, il devient scénariste pour la télévision. De fait, il se met parallèlement à écrire des romans en vue de les adapter au cinéma.

Ira Levin : une fabrique à best-sellers

Son premier roman, A Kiss Before Dying (« La Couronne de cuivre » en français, 1953) fait connaître Ira Levin partout dans le monde. Il s’agit de l’histoire de trois sœurs héritières d’un magnat du cuivre, et d’un prédateur qui va tout faire pour profiter de la fortune. C’est un roman excitant, addictif, qui renouvelle le genre du polar.

Ce qui est étonnant, c’est qu’après ce premier succès, Ira Levin ne se démonte pas et enchaîne sur plusieurs romans qui ont marqué la littérature de genre d’une pierre blanche.

Rosemary’s Baby (1967) conte l’histoire d’une femme au foyer, enceinte et catholique, mariée à un rigide protestant. Au fur et à mesure, on découvre que cet enfant qu’elle porte n’est pas celui qu’on croit, et que l’entourage intime serait entièrement mêlé à un infect complot…

Ira Levin : un maître du roman d’anticipation

En 1970, Ira Levin enchaîne avec The Perfect Day (« Un Bonheur insoutenable »), qui est devenu une référence en matière de roman d’anticipation. Dans les années 2000, l’humanité est unifiée et est présidée par un ordinateur, UniOrd, qui contrôle tout. Les humains vivent vieux car médicamentés, et ils ne ressentent rien qui puisse troubler leur solide bonheur. Pourtant, certains humains accidentels réfléchissent trop. Copeau est de ceux-là. Au fil de sa pensée et de ses questions, il va monter une expédition pour détruire UniOrd. Que va-t-il découvrir ?…

The Stepford Wives (« Les Femmes de Stepford ») paraît en 1972. Dans une petite ville de l’Amérique profonde, les femmes sont des épouses modèles. Les hommes passent beaucoup de temps dans un club qui leur est strictement réservé. Quand Joanna, belle, volontaire et féministe, arrive à Stepford, elle est éberluée face à la passivité et à l’efficacité ménagère de toutes ces femmes. Elle tente, avec deux nouvelles arrivées comme elle, de créer un Club des Femmes et de rallier à sa cause toutes les dames de la ville. Mais quelques temps après, elle constate que ses deux nouvelles amies se mettent à ressembler à toutes les autres…

… Et un dramaturge renommé

En 1976, Ira Levin fait paraître The Boys from Brazil (« Ces Garçons qui venaient du Brésil »). Ce roman raconte l’histoire d’un chasseur de nazis qui, un beau jour, est prévenu par un correspondant au Paraguay qu’un grand nombre d’officiers nazis exilés font parler d’eux, et qu’un complot planétaire se prépare. Après une infiltration réussie, on apprend que le sinistre Josef Mengele, médecin nazi coupable d’un grand nombre d' »expériences » médicales dans les camps de concentration, projette de faire assassiner de par le monde 94 fonctionnaires tous soixantenaires et pères de famille dans les deux ans qui viennent. Une enquête est lancée, montrant que chacun a adopté un garçon qui ressemble trait pour trait aux autres enfants. Qui sont-ils ?…

Chacun de ces romans a été adapté à l’écran.

Ira Levin a également été un dramaturge reconnu à New York. Piège mortel détient même le record de longévité pour une pièce de théâtre policière à Broadway : elle y a été représentée 1800 fois !…

En savoir plus

  • Romans d’Ira Levin sur Amazon
  • Adaptation au cinéma
    • 1956 : Baiser mortel (A Kiss Before Dying), de Gerd Oswald
    • 1968 : Rosemary’s baby, de Roman Polanski
    • 1975 : Les Femmes de Stepford (The Stepford Wives), de Bryan Forbes
    • 1978 : Ces garçons qui venaient du Brésil, de Franklin Schaffner
    • 1982 : Piège mortel (Deathtrap), de Sidney Lumet
    • 1991 : Un baiser avant de mourir (A Kiss Before Dying), de James Dearden
    • 1993 : Sliver, de Phillip Noyce
    • 2004 : Et l’homme créa la femme (The Stepford Wives), de Frank Oz
  • Pièces de théâtre
    • No Time for Sergeants (1956)
    • Interlock (1958)
    • Critic’s Choice (1960)
    • General Seeger (1962)
    • Dr. Cook’s Garden (1968)
    • Veronica’s Room (1974)
    • Deathtrap (1978)
    • Break a Leg: A Comedy in Two Acts (1981)
    • Cantorial (1982)
  •  Romans
    • A Kiss Before Dying (1953)
      Publié en français sous le titre La Couronne de cuivre, Genève, Ditis, Détective-club-Suisse no 102, 1954 ; réédition, Paris, Ditis, Détective-Club no 75, 1954 ; réédition, Paris, Ditis, coll. La Chouette no 28, 1956 ; réédition, Paris, J’ai lu policier no 12, 1964 ; réédition, Paris, J’ai lu no 449, 1972 ; réédition, Paris, Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque no 1895, 1987
    • Rosemary’s Baby (1967)
      Publié en français sous le titre Un bébé pour Rosemary, Paris, Robert Laffont, 1968 ; réédition, Paris, J’ai lu no 342, 1970 [Réimpr. 1995 et 2002]
    • This Perfect Day (1970)
      Publié en français sous le titre Un bonheur insoutenable, Paris, Robert Laffont, 1970 ; réédition, Paris, J’ai lu no 434, 1972 (ISBN 2-290-33285-2)
    • The Stepford Wives (1972)
      Publié en français sous le titre Les Femmes de Stepford, Paris, Albin Michel, 1974 ; réédition, Paris, J’ai lu no 649, 1976
    • The Boys from Brazil (1976)
      Publié en français sous le titre Ces garçons qui venaient du Brésil, trad. Bernard Oudin, Paris, Robert Laffont, 1977 ; réédition, Paris, J’ai lu no 906, 1979 (ISBN 2-277-11906-7)
    • Sliver (1991)
      Publié en français sous le titre Silver, Paris, Denoël, 1991 ; réédition, Paris, Pocket no 4698, 1993
    • Son of Rosemary (1997)
      Publié en français sous le titre Le Fils de Rosemary, Paris, J’ai lu no 5866, 2001 ; réédition, Paris, Robert Laffont, coll. Pavillons poche, 2011

 Extrait d’Un Bonheur insoutenable

– Un membre a dit que tu avais besoin d’aide. La fille que tu as baisée hier soir. Anna… (elle regarda l’écran)…VHF35H6143.
Copeau fit signe d’assentiment.
– J’avais dit un gros mot.
– Un très gros mot, précisa Mary, mais cela importe peu. Relativement peu. Certaines autres choses que tu as dites sont bien plus importantes – comme de décider quelle classification tu choisirais si Uni n’était pas la pour le faire.
Copeau détourna les yeux et fixa les guirlandes vertes et rouges.
– Tu pense souvent à cela, Li?
– De temps en temps. Pendant la récréation, ou bien la nuit, mais jamais en classe ou pendant la TV.
– La nuit compte aussi, tu sais. Elle est faite pour dormir.
Copeau la regarda sans rien dire.
– Tu fais cela depuis longtemps?
– Je ne sais plus… Depuis quelques années, quand nous étions encore à Eur.
– Ton grand-père, dit-elle.
Il fit un signe d’assentiment.
Elle jeta un coup d’œil sur l’écran, puis regarda Copeau d’un air sombre.
– Il ne t’ai jamais venu à l’idée que « décider » et « choisir » étaient des manifestations d’égoïsme? des actes égoïstes?
– Peut-être, des fois, dit Copeau en suivant attentivement le rebord du bureau avec son doigt.
– Oh, Li ! Pourquoi crois-tu que je sois là? À quoi servent les conseillers? À nous aider, n’est-ce pas?
Il fit un signe d’assentiment.
– Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé? Ou à ton conseiller d’Eur? Pourquoi as-tu attendu, et perdu tant d’heure de sommeil, et inquiété cette petite Anna?
Copeau haussa les épaules, en regardant son doigt qui frottait le dessus du bureau. L’ongle était tout noir.
– C’était… intéressant, dans un sens.
-Intéressant, dans un sens! répéta Mary. Il aurait été tout aussi intéressant, dans un sens, de penser au chaos Pré-U que nous aurions si nous choisissions nos classifications. Y as-tu jamais réfléchi?
– Non.
– Je te conseille de le faire. Imagine un million de membres voulant devenir acteurs de TV et pas un seul décidant de travailler dans un crématoire!
Coupeau leva les yeux sur elle.
– Je suis très malade? demanda-t-il.
– Non, mais tu aurais fort bien pu le devenir si Anna ne t’avais pas aidé. (elle ôta le presse-papiers qui maintenait le bouton du téléord; les symboles verts disparurent de l’écran.) Touche, dit-elle.
Copeau appliqua son bracelet contre le lecteur. Tout en lui parlant, Mary maniait les touches de l’appareil.
– Depuis ton entrée à l’école, tu as passé des centaines de test, et UniOrd en a enregistré les résultats, tous les résultats.
Ses doigts couraient sur les touches.
– Tu as également eu des centaines de rencontres avec tes conseillers, et chaque fois Uni en a suivi le déroulement. Uni sait quelles tâches doivent être accomplie, et qui sera susceptible de les accomplir. Uni sait tout. Qui pourra choisir la meilleure classification, la plus efficace? Toi ou Uni?
– Uni, bien sûr, dit Copeau. Je le sais bien. Je ne voulais pas vraiment le faire moi-même; c’était… c’était simplement un jeu… je m’amusais à me demander comment ça serait si, voilà tout.
Les doigts de Mary cessèrent de courir sur les touches et elle appuya sur le bouton « réponse ». Des symboles verts apparurent de nouveau sur l’écran.
– Voilà, tu peux aller à la salle de traitement.
Copeau se leva joyeusement.
– Merci !
– Uni merci, dit Mary en refermant le téléord.

1 Comment

  1. […] à deux francs six sous : elle a fait pénétrer en France une passion de longue haleine pour la science-fiction et pour l’heroic fantasy, et démontre toujours aujourd’hui que le secret d’une histoire qui […]

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